Vietnam

Et maintenant ?

L’annonce de nouveaux cas de Covid-19 au Vietnam a eu l’effet d’une bombe. En un fragment de seconde, l’inquiétude se lit de nouveau sur les visages. Et pourtant, la vie avait repris son cours. Frontières fermées, sans touristes étrangers, l’économie reprenait doucement. Les vietnamiens redécouvraient leur pays. De nombreuses offres avaient été mises en place afin de favoriser le tourisme et une économie solidaire. Les locaux me remerciaient d’être restée et de poursuivre mon périple. Les masques et les gestes barrières étaient évidemment toujours présents mais le coronavirus ne semblait plus inquiéter.

Mais voilà, le 25 juillet, après plus de cent jours, le spectre pandémique revient. Des personnes sont infectées à Da Nang. D’où proviennent ces nouveaux cas ? D’entrées illicites de chinois dans le pays ? D’une mutation du virus qui le rend beaucoup plus contagieux ?

Immédiatement, la décision est prise de mettre la région de Da Nang en quarantaine. Deux jours après, celle de Hoi An suit. L’annonce des premiers morts fait trembler. Le Vietnam n’avait pas eu de perte humaine jusqu’à présent. De nouveau, le coronavirus est sur toutes les lèvres, dans toutes les discussions et pensées.

Pour circonscrire le virus au plus vite, une organisation quasi militaire est mise en place : hôpitaux, tests, prises de températures, formulaires à compléter en cas de déplacements. Les haut-parleurs situés dans toutes les contrées : villes, villages, champs annoncent les nouvelles et les directives à suivre. Les vietnamiens annulent leurs congés. Ils rentrent chez eux. Ils se mettent en auto-quarantaine et limitent leurs déplacements au maximum.

De mon côté, la peur d’un second confinement me fait quitter Hanoi pour retourner à Tam Thanh. Être entourée de personnes réelles, c’est ce qui m’avait manqué lors du premier confinement à Kon Tum. Alors, le 30 juillet, je prends le train pour rentrer dans ce petit bout du monde.

Les premiers jours sont riches. Je suis heureuse de retrouver tout le monde. Le grand père est parti. Sa femme est arrivée avec Sunny, la fille de Nguyên et de Trang. En dehors de cela, rien n’a changé. Le ronron reprend son rythme. Comme je n’ai pas écrit depuis deux mois, c’est l’occasion aussi de vous retrouver. De choisir les photos que je souhaite partager avec vous.

Cela dit, au fil des jours une ritournelle lancinante commence à se faire entendre. Vous savez cette musique au rythme basique qui vous reste dans la tête pendant des jours. On a tous parfois une chanson qui s’insinue dans toutes nos pensées du jour et de la nuit. La mienne c’est « Et maintenant » de Gilbert Bécaud. Autant dire que lorsqu’on l’entend une fois, on ne saute pas de joie. Quand elle tourne en boucle, on se demande comment ouvrir le gaz.

Je m’enlise donc sur « et maintenant que vais-je faire de tout ce temps que sera ma vie ». Les autres backpackers ou volontaires que j’ai croisés ces derniers mois se questionnent sur le fait de rester ou de rentrer chez eux. On a tous le sentiment d’être en transit depuis plusieurs semaines ou mois.

Ainsi, tous les jours, j’ai de nouveaux scénarii :

  • Rester au Vietnam et faire une demande de carte de résident. Cela me permettra de travailler dans une ONG, d’acheter une moto…
  • Rester au Vietnam et en profiter pour passer une certification en anglais, me former dans le domaine de la photo, de la vidéo ou celui de la rédaction web
  • Aller à Taiwan, en Corée du Sud ou au Népal,
  • Rentrer en France,

Je le sentiment d’attendre quelque chose, un signe, qui me permettrait de m’engager dans un chemin avec confiance. Je repense à cette phrase que j’affectionne tant : « La vie, ce n’est pas d’attendre que l’orage passe, c’est d’apprendre à danser sous la pluie ».

Les cieux m’ont-ils entendue ? Des orages éclatent. Un déluge intense tombe sur nous. Le premier réflexe est de s’abriter. Je regarde cette déferlante. Je suis prise d’une envie impérieuse de valser. Qu’est ce qui m’en empêche ? Rien … Je me lance. Je ressens la force de l’eau, sa fraîcheur après des journées caniculaires. Les litres d’eau qui s’abattent sur moi semblent balayer ma frustration, ma colère, mes angoisses les unes après les autres. Mes larmes se mêlent à la pluie. Mes hurlements aux sons du vents. Après un temps que je ne saurai définir, le sourire et le plaisir enfantin reviennent. Seule la puissance des éléments pouvait rincer la torpeur dans laquelle j’étais tombée. Je suis libérée.

Le lendemain, avec un regard neuf, je suis capable d’apprécier de nouveau ce qui m’entoure. Et le destin me donne un coup de pouce. Je reçois deux mails qui traduisent mon état d’esprit renouvelé.

Le premier est un extrait de la newsletter KAIROS de Fabrice Dubesset :

« Que l’on aime ou non le personnage, Steve Jobs fut un grand entrepreneur. Quelqu’unes de ses citations sont rentrées dans la légende. L’une d’elle m’a marqué il y a longtemps :

« Lorsque je me regarde dans le miroir chaque matin en me demandant : « Si aujourd’hui était le dernier jour de ma vie, voudrais-je faire ce que je prévois de faire aujourd’hui ? »

Si la réponse est « non » pendant plusieurs jours de suite, je sais que je dois changer quelque chose. »

Inspirant non ?  […..]

Et crois-moi, si tu ne fais pas attention, la part de plaisir dans ton activité (dans ton couple aussi), peut vite diminuer, et cela sans que tu t’en aperçoives. Alors, si tu réponds « non » à la question de Steve Jobs, si tu éprouves une baisse d’énergie et de motivation, et que cela dure, il est temps de faire une pause.  Afin de prendre du recul, pose-toi ces questions :

  • D’où vient cette baisse de motivation ?
  • Quels aspects de mon activité, de ma vie provoquent cela ?
  • Comment je peux changer la dynamique ?

Souvent, il s’agit juste de faire un petit changement, puis un autre etc. Un pas après l’autre. Pour que la jauge du plaisir augmente et retrouve sa place. […] »

Le second est une newsletter de Worlpackers :  

 » I have heard many times in the last weeks the question: What can I do now?

There is so many things we could do, so many options to learn online, to clean the house, to sleep. There is so many possibilities of working… Sometimes it is hard to choose and we tend to avoid discomfort. This way, many of us never leave the comfort zone. We want to leave it, but it looks like we cannot. I am here to tell you that it is possible to live the life you have always dreamed of. Success for me is to live wherever you want to live, to do whatever you want to do and to be surrounded by the people you wanna be with. You see, I did not mention: Being rich. I don’t believe you need to be rich for that. »

Parallèlement, je relis les articles que j’ai déjà écrits. Je parcours les actualités. C’est une situation que j’ai déjà vécue, que j’ai déjà vaincue. Il faut donc une nouvelle fois trouver le rythme et la musique qui me permettront d’onduler sous la tempête et de l’apprivoiser.

Je noircis mon bloc-notes de toutes les idées qui me passent par la tête. Je discute avec Nguyên de la situation, de sa perception et de son état d’esprit. Après quelques heures, un chemin commence à prendre forme. Je le formalise. Je tapisse mon mur de mes idées :

  • Rester à Tam Thanh jusqu’en septembre : les vietnamiens sont inquiets. Il y a quotidiennement de nouveaux cas. Il serait irrespectueux voire irresponsables de voyager et de mettre en risque une communauté et un pays qui depuis six mois m’accueillent chaleureusement. Quant au fait de rentrer ou changer de pays, cela n’a pas de sens aujourd’hui. La situation est parfaitement gérée au Vietnam. Puis-je en dire de même ailleurs ? L’herbe serait-elle plus verte ? Rien n’est certain. Comme je n’ai rien à fuir, il faut vivre avec, lâcher prise et apprécier ce que l’on a.
  • Acheter une moto pour retrouver de la liberté et un nouveau destrier
  • Apprendre à cuisiner des mets vietnamiens… On ne se refait pas. Gourmande un jour, gourmande toujours 😊
  • Me former sur l’écriture, la photo… et passer une certification d’anglais.

Pour ne pas perdre de vue mon essentiel en cas de gros grain, je finalise mon storyboard en ajoutant une citation de Maya Angelou :

« Le meilleur projet, c’est celui que vous créez pour les bonnes raisons, avec les bonnes personnes, et de la bonne manière. »

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