Thaïlande

Bangkok

Buller est nécessaire. Le farniente est enthousiasmant. Je crois en avoir abusé jusqu’à la lie. J’ai maintenant envie de retrouver une nouvelle dynamique. Trouver un tout autre sens que celui plébiscitée par le tourisme de masse.

Cela tombe bien ! Dans l’avion AF166 qui atterrit à 10h32 ce samedi 25 janvier à Bangkok, mes racines sont là. Elles apportent dans leurs valises une baguette, un saucisson et du chèvre. Quel bonheur affectif et gustatif !

Retrouver mes parents, quatre mois après mon départ, me fait réaliser le chemin parcouru. Ils découvrent l’Asie, la culture, les modes de fonctionnement, la cuisine, la chaleur… En comparaison, je suis une autochtone. Je me rends compte du nombre de reflexes acquis. Je ne suis pas surprise du chaos de Bangkok. J’appréhende la ville sereinement.

Pour des non-initiés à l’Asie, Bangkok est déroutante, hétéroclite voire étouffante. Il y a peu de repères avec le vieux continent. Je me rappelle mes premiers pas pour faciliter leur arrivée. Nous prenons des taxis, nous mangeons dans des restaurants thaïs aux « normes européennes » … Je cale mon pas sur le leur. Pour chacun de nous, s’acclimater à d’autres us et coutumes prend du temps.

Par ailleurs, l’annonce de l’épidémie de Coronavirus teinte le voyage d’inquiétudes. Pour les touristes comme pour la population locale, de nombreuses questions se posent. Comment se protéger ? Que faire pour ne pas tomber dans la psychose ?

Chacun appréhende le risque à sa manière. Certains ne changent rien à leurs habitudes. Soit, ils utilisaient déjà des masques en raison de la pollution et ces derniers les protègent aussi du coronavirus. Soit, ils n’en portaient pas et ils continuent ainsi car le risque est minime. Moins de 1% des cas identifiés se trouvent en dehors de Chine. Les autres se ruent dans les supermarchés pour en acheter et ne les enlèvent plus.

Nous suivons les informations données par le ministère des affaires étrangères, l’OMS et les journaux. A ces lectures , trouver la bonne ligne de conduite est difficile. Si on occulte les alertes, on a un comportement potentiellement inconscient. Si on prend en considération tout ce qui est communiqué, on se terre et on ne sort plus de chez soi. Résultat, à nous trois, nous sommes le reflet des différentes formules : le port du masque systématique, celui occasionnel et celui « pour faire plaisir ».

Je n’avais jamais eu le besoin de porter un masque. J’ai le sentiment de suffoquer. L’air n’arrive pas à mes poumons. Je vais mourir d’asphyxie en me protégeant du coronavirus. Absurde, non ?
Nous testons masque « chirurgical », « anti-pollution » ou encore « avec particules filtrantes 3M ». A chaque fois, l’expression « respirer à pleins poumons » est un mirage.
L’usuel n’offre aucun confort. Nous cherchons ailleurs. Décathlon propose des masques pour les sportifs. S’ils permettent de courir un marathon sans risque d’apoplexie, nous devrions pouvoir marcher.



« Masques de compétition » sur le nez, nous commençons à explorer le « Bangkok historique et culturel ». 

D’ailleurs, connaissez-vous son nom entier ?

C’est :

« Krung Thep mahanakhon amon rattanakosin mahintara ayuthaya mahadilok phop noppharat ratchathani burirom udomratchaniwet mahasathan amon piman awatan sathit sakkathattiya witsanukam prast »

Ce qui signifie :

« Ville des anges, grande ville, résidence du Bouddha d’émeraude, ville imprenable du dieu Indra, grande capitale du monde ciselée de neuf pierres précieuses, ville heureuse, généreuse dans l’énorme Palais Royal pareil à la demeure céleste, règne du dieu réincarné, ville dédiée à Indra et construite par Vishnukarn ».

Tout un programme !


Le « Wat Pho » est notre première rencontre avec les temples thaïlandais. Il est réputé pour sa majestueuse statue du Bouddha couché recouverte de feuilles d’or qui mesure 46 mètres de long sur 15 mètres de hauteur. Nous y restons jusqu’au coucher du soleil. A cette heure-là, seuls les bhikkhu, moines bouddhistes et quelques touristes sont encore là. Le temple est à nous. Nous pouvons apprécier l’architecture et la quiétude du lieu dans la lumière flamboyante des dorures au soleil.



Nous poursuivons le lendemain par le « Wat Phra kaew ». Situé en plein cœur du Grand Palais Royal, c’est le temple le plus connu et le plus sacré de Thaïlande. Cette renommée est due au « Bouddha d’Émeraude ».
Nous parcourons, sous un soleil de plomb, cet ensemble de temples. Nous admirons des dizaines de gardiens mais nous ne trouvons pas « Le » Bouddha. Alors nous scrutons plus attentivement les silhouettes élégantes des sculptures et les ornements raffinés. Nous analysons les couleurs chatoyantes de chaque édifice. Sans résultat. Nous décidons de parcourir une seconde fois le site. Cette fois, nous suivons scrupuleusement les panneaux d’indication. Au sein du temple principal, dans la pénombre, à dix mètres de hauteur, protégé par des cordons de sécurité, nous distinguons de loin son visage de jade.

Le Bouddha d’émeraude



Le jour suivant, nous changeons de décor en empruntant un long tail pour parcourir Bangkok par ses canaux. Comme Venise ou Hambourg, Bangkok est une ville d’eau. Au fil des écluses et des Khlong (canaux en thaï), nous apprécions un Bangkok verdoyant et calme. Nous sommes loin de l’effervescence touristique et du bruit de la circulation. En suivant le tracé sinueux du canal, nous apercevons tant des habitats précaires sur pilotis que des demeures fastueuses. Cela renforce l’image d’imbrication que nous avons eu à chaque incursion. Il n’y a pas une ville. Il y a des villes dans la ville.



Cette après-midi-là, une excursion père-fille s’improvise. Nous rejoignons d’autres canaux. Nous déambulons et pouvons découvrir cette fois ci les commerces et lieux de vie. A pied puis en bateau taxi, nous observons la vie locale loin des lieux touristiques. Nous croisons des ouvrières sur les chantiers, des femmes taxis, des femmes pompistes… Ici, les postes ne semblent pas limités à un genre. Ainsi, c’est une femme qui fait le funambule sur le bateau taxi. Sans gilet de sauvetage, ni de cordes de rappel, elle marche sur le rebord extérieur du bateau afin de vendre les tickets. Avec l’élégance et la dextérité d’un chat, elle veille sur chacun des passagers et les aide à monter et descendre. Avec force, elle arrime le bateau au ponton et s’assure qu’il est prêt à repartir.



Arrivés au terminus, nous poursuivons notre balade nez au vent et appareil photo à la main. Bien après le coucher du soleil, nous sommes toujours en train d’arpenter la ville. Sur notre chemin, les portes d’un temple sont toujours ouvertes. Nous entrons attirés par des chants. Ce sont des prières récitées par les moines et fidèles présents. A pas de velours, nous nous glissons dans l’enceinte du temple. Nous sommes saisis par la ferveur et la quiétude régnant dans ce lieu. Est-ce dû au fait que nous sommes les seuls touristes ? Qu’il fait nuit ? Ou encore aux litanies qui s’élèvent vers les cieux ? C’est peut-être un ensemble. Ce temple est majestueux. Il s’en dégage une harmonie incroyable.

Nous ne restons pas. Nous ne souhaitons pas être irrespectueux et gêner les adeptes présents. En sortant, nous découvrons qu’il s’agit du temple Wat Suthat Thepwararam. C’est l’un des dix temples royaux de Bangkok.



Pour notre dernier diner, nous choisissons un restaurant le long du fleuve Chao Phraya. Nous observons les temples de la rive opposée : le Wat Kalayanamitr et le Wat Arun. Le balai des bateaux croisières aux couleurs criardes illuminent le fleuve et fait le spectacle.



Après quelques jours à Bangkok, nous sommes convaincus que cette ville a de nombreuses facettes. Capitale du royaume, elle est d’une incroyable richesse avec plus de quatre cents temples et une diversité culturelle et architecturale indéniable. Ville bouillonnante de vie avec son trafic, ses étals de rue, ses marchés, le monde… Cœur du business et de l’économie thaïlandaise. Hub de transports en Asie. Ensemble déstructuré regroupant sans logique de nombreux quartiers afin de créer une mégalopole de près de vingt millions d’habitants.



Bangkok est une ville qui ne laisse pas insensible. Certains l’aiment et d’autres la détestent. En regardant évoluer mes parents dans cette ville, je constate que ce n’est pas une ville qui se laisse aborder facilement. Il faut avoir un peu de temps en Asie pour pouvoir déceler ses charmes dans le chaos. Aussi, pour un atterrissage en douceur, prenez le temps. Ce n’est pas une course. Puis aller vous reposer à Chiang Mai. C’est d’ailleurs notre prochaine étape.

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