Thaïlande,  Voeux de bonne année

Bonne Année 2024

Bonjour à tous,

Tout comme le lapin blanc d’Alice au pays des merveilles, « Je suis en retard, en retard, en retard… ». Bouddha dirait plutôt « Un pot d’eau se remplit goutte à goutte », soulignant ainsi la vertu de la patience. Tout arrive en son temps. On ne peut brusquer la nature.

L’année qui vient de s’écouler illustre pour moi cette dualité. Après des mois de silence, le 31 janvier 2023, profitant des vœux, j’annonce des textes et de nouvelles aventures à venir… Ma tête déborde d’idées, de plans, d’objectifs ambitieux et de deadlines. Façonnée depuis très longtemps par des « pas peur, pas froid, pas mal » et des « je suis cap », je ne vois aucune raison pour que mes desseins ne se concrétisent pas.

Ma pensée toute puissante marche, court, vole vers de nouveaux défis. Elle rêve de retrouver sa vie, sa mobilité, ses perspectives originelles, avant l’accident et huit vis, et même avant le covid… Or mon dos et ma santé font du quatre pattes. Ils m’obligent sans négociation possible à prendre un autre temps que celui souhaité par mon esprit.

Ainsi, un bras de fer permanent s’instaure entre conscient et inconscient, entre volonté et capacité. Les mois passent en montagnes russes, chaque jour un peu meilleur, mais tellement lentement.

J’apprends dans la douleur à changer de paradigme. Notre société occidentale nous éduque dès notre plus jeune âge à la puissance du « Faire » et de l’« Avoir ». Plus on fait/plus on a, plus on s’estime, plus on est reconnu ou on se sent important/aimé. Le passage des verbes « Faire » et « Avoir » à « Être » n’est donc pas aisé.

Durant toute cette quête initiatique, j’ai la chance de demeurer en Asie du Sud-Est. En 2023, j’ai principalement vécu en Thaïlande et en Indonésie. Ici, chaque sourire, chaque regard, chaque geste bienveillant, chaque acte instinctif et évident de solidarité me fait croire en la nature humaine. Cela m’aide au quotidien à me rappeler qu’« Il en faut peu pour être heureux… » et à me focaliser sur le beau même lorsque je traverse une tempête et les ténèbres.

J’ai également la chance d’être entourée, protégée par des anges de tous horizons, sur terre et différentes galaxies ! Outre ma détermination, ma capacité de résilience, j’avance grâce à un « Marsouin », un « Colibri », un « Nounours », un « Mage » qui est un être exceptionnel présent à tout instant, une « Bonne Fée Marraine », une « Chenille » et tant d’autres…

MERCI d’être là que je sois en haut d’un sommet ou au fond du gouffre ! Sans vous, la vie serait moins belle !

J’ai souvent eu le sentiment que le temps est étirable, me poussant à croire que chaque mois durait mille ans, mais également juste quelques heures.

Et nous sommes déjà en février 2024… Plus de quatre saisons sont passées sans que je m’en rende compte. Selon la convention, je suis donc hors délai pour vous souhaiter une bonne année. Tellement en retard que j’ai célébré deux fois la nouvelle année : le 1er janvier traditionnel et le 10 février pour le début de l’année du Dragon. Je vais encore à minima la fêter une 3e fois, lors du Nouvel An thaïlandais, Songkran, le 13 avril 2024.

Aussi, la fin de la période des vœux est, peut-être simplement, qu’une question de point de vue. Un peu comme l’heure de l’apéro. C’est toujours le bon moment quelque part sur la planète. En fonction des cultures, des philosophies, des religions…, nous pourrions nous réjouir de la bonne année plusieurs fois voire tout au long de l’année.  

Cela signifie pour moi que rien n’est immuable, tout peut changer. Ce qui m’est essentiel est de croire en la vie, la célébrer, être heureuse, avoir confiance en soi, en l’autre, être courageux, exigeant et ne pas se laisser happer par la médiocrité, la peur et la honte… C’est pourquoi, cette année, j’ai eu envie de partager avec vous un extrait du discours à la jeunesse de Jean Jaurès. Datant d’il y a 120 ans, il demeure d’actualité !

*****

« […] Il y a vingt-deux ans, c’est moi qui prononçais ici le discours d’usage. Je me souviens […] que j’avais choisi comme thème : les jugements humains. Je demandais à ceux qui m’écoutaient de juger les hommes avec bienveillance, c’est-à-dire avec équité, d’être attentifs, dans les consciences les plus médiocres et les existences les plus dénuées, aux traits de lumière, aux fugitives étincelles de beauté morale par où se révèle la vocation de grandeur de la nature humaine. Je les priais d’interpréter avec indulgence le tâtonnant effort de l’humanité incertaine. […]

A travers toutes nos misères, à travers toutes les injustices commises ou subies, c’est qu’il faut faire un large crédit à la nature humaine ; c’est qu’on se condamne soi-même à ne pas comprendre l’humanité, si on n’a pas le sens de sa grandeur et le pressentiment de ses destinées incomparables.

Cette confiance n’est ni sotte, ni aveugle, ni frivole. Elle n’ignore pas les vices, les crimes, les erreurs, les préjugés, les égoïsmes de tout ordre, égoïsme des individus, égoïsme des castes, égoïsme des partis, égoïsme des classes, qui appesantissent la marche de l’homme, et absorbent souvent le cours du fleuve en un tourbillon trouble et sanglant. Elle sait que les forces bonnes, les forces de sagesse, de lumière, de justice, ne peuvent se passer du secours du temps, et que la nuit de la servitude et de l’ignorance n’est pas dissipée par une illumination soudaine et totale, mais atténuée seulement par une lente série d’aurores incertaines. […]

Mais d’abord, mais avant tout, il faut rompre le cercle de fatalité, le cercle de fer, le cercle de haine où les revendications même justes provoquent des représailles qui se flattent de l’être, où la guerre tourne après la guerre en un mouvement sans issue et sans fin, où le droit et la violence, sous la même livrée sanglante, ne se discernent presque plus l’un de l’autre, et où l’humanité déchirée pleure de la victoire de la justice presque autant que de sa défaite. […]

Le courage, aujourd’hui, ce n’est pas de maintenir sur le monde la sombre nuée de la Guerre, nuée terrible, mais dormante, dont on peut toujours se flatter qu’elle éclatera sur d’autres.

Le courage, ce n’est pas de laisser aux mains de la force la solution des conflits que la raison peut résoudre ; car le courage est l’exaltation de l’homme, et ceci en est l’abdication.

Le courage pour vous tous, courage de toutes les heures, c’est de supporter sans fléchir les épreuves de tout ordre, physiques et morales, que prodigue la vie.

Le courage, c’est de ne pas livrer sa volonté au hasard des impressions et des forces ; c’est de garder dans les lassitudes inévitables l’habitude du travail et de l’action. […]

Le courage, c’est d’être tout ensemble, et quel que soit le métier, un praticien et un philosophe.

Le courage, c’est de comprendre sa propre vie, de la préciser, de l’approfondir, de l’établir et de la coordonner cependant à la vie générale. […]

Le courage, c’est de dominer ses propres fautes, d’en souffrir mais de n’en pas être accablé et de continuer son chemin.

Le courage, c’est d’aimer la vie et de regarder la mort d’un regard tranquille ; c’est d’aller à l’idéal et de comprendre le réel ; c’est d’agir et de se donner aux grandes causes sans savoir quelle récompense réserve à notre effort l’univers profond, ni s’il lui réserve une récompense.

Le courage, c’est de chercher la vérité et de la dire ; c’est de ne pas subir la loi du mensonge triomphant qui passe, et de ne pas faire écho, de notre âme, de notre bouche et de nos mains aux applaudissements imbéciles et aux huées fanatiques. […] »

Lire ou Ecouter le discours complet de Jean Jaurès à la jeunesse, prononcé à la remise des prix du lycée d’Albi, le 30 juillet 1903

*****

Jean Jaurès termine son discours par : « Et vous, jeunes gens, vous voulez que votre vie soit vivante, sincère et pleine… ». Pour moi, la réponse est évidemment OUI !

Ainsi, le moment est venu pour Baloo et moi de reprendre la route, l’écriture et le partage de textes et de photos avec vous. Cela fait presque deux ans que je n’ai rien publié. Ce n’est pas l’envie qui me manquait… mais comme dit Miguel de Cervantès « Faites confiance au temps, qui offre souvent les issues les plus douces aux plus amères difficultés ». Il me fallait peut-être ce temps pour que j’aie la capacité de le faire.

Je vais donc reprendre le fil de mes aventures depuis janvier 2022, lorsque j’attendais fébrilement la décision du gouvernement vietnamien concernant la prolongation de mon visa puis je remonterai le temps jusqu’à aujourd’hui.

Avant de vous quitter pour quelques jours, je vous souhaite pour cette nouvelle année 2024 de croire en l’humanité parfaitement imparfaite, d’être courageux, et ce quelle que soit la situation, de privilégier l’être plutôt que le faire ou l’avoir, de sourire, d’aimer, d’oser, d’espérer, de partager, de voyager… Bref de vivre heureux et en bonne santé.

J’en profite également pour vous partager une chanson qui est importante à mon cœur et à celui de Baloo et qui formule tous mes vœux pour chacun de vous.

*****

*****

2 commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.