Vietnam

Une dernière aventure… ?

La roulette des visas a tourné en ma faveur en juin. Depuis août 2020, je suis tributaire mensuellement du renouvellement de mon visa par l’immigration vietnamienne. Bien sûr, le risque de devoir partir a toujours été plus ou moins présent. Je suis touriste. Je ne peux pas être accueillie indéfiniment au Vietnam sans travailler ou investir. Je ne m’inquiète pas. De mois en mois, c’est la même ritournelle : j’attends le 30, la simple confirmation de ma prolongation.

Or, en mai, le gouvernement commence à analyser plus précisément chaque visa, leur légalité et les fondements de chaque autorisation. Ma reconduction pour juin semble mise en péril. Finalement, ça passe. Plus de peur que de mal.

Cependant, le 28 juin, le mouvement s’emballe. Les agents de visa communiquent sur tous les réseaux que les touristes devront partir au 31 juillet 2021. Ils sont invités à prendre un billet d’avion au plus tôt pour quitter le territoire sans quoi une amende sévère leur sera imposée. Par ailleurs, le risque d’être mis sur liste noire est évoqué. À la lecture de ces messages, j’échange avec Nguyen. Il n’y croit pas et me dit d’attendre.

Selon lui, c’est une méthode pour pousser aux départs, sur les mois d’été, ceux qui ne sont pas des amoureux du Vietnam respectant le pays, ses lois, ses traditions et les locaux. Il est certain que nombre d’étrangers sont encore présents uniquement par opportunité sans réels projets permettant le développement ou la valorisation du territoire et de sa population. Ce sont ceux-là ainsi que les fraudeurs qui sont visés par le yoyo stressant de la politique d’immigration.

Il a raison, le lendemain soir, nouvelle communication, la situation pourrait revenir à la normale. Il n’y a plus besoin de prendre un billet d’avion en urgence. Il faut donc patienter. La décision officielle devrait être publiée le 2 voire le 5 juillet. Rien ne sert de se précipiter avant cela.

Par chance, durant toute cette folie autour des visas, je suis dans mon petit bout du monde, gardienne du resort. Aussi, même si l’angoisse monte, je suis au calme. J’échange de façon parcimonieuse sur la situation. À force, j’ai plusieurs convictions qui s’affirment :

  • Je comprends et je respecte l’attitude du gouvernement vietnamien
  • Si je peux, je souhaite rester au Vietnam. J’y ai des projets d’écriture et de découvertes.
  • Je ne suis pas prête à tout pour pouvoir y demeurer (faux visa, emploi, mariage avec un Vietnamien…)
  • Si je dois partir, je poursuivrai mon voyage et mes projets d’écrire ailleurs. J’en profiterai pour faire des bises en France et un vaccin.
  • Ma capacité de caméléon hyper-adaptable est un véritable atout pour faire face aux multiples scénarii quotidiens.

Ces positions ne sont pas toujours comprises. Pour beaucoup, ils opteraient pour n’importe quelle issue afin de ne pas quitter ce fabuleux pays. Pour ma part, les contraintes me poussent à l’action. Fini d’attendre passivement. C’est impressionnant le chemin que l’on parcourt lorsque l’on est dos au mur. Cette conviction ancrée m’incite à accepter la situation et à aller de l’avant. Où que je sois, je poursuivrai mon voyage et mon rêve d’écriture initié il y a dix-huit mois. Je ne cède pas à la facilité.

Déterminée, j’envisage donc mon retour en France. Je me questionne sur les éléments qui me permettraient de bien le gérer. Une évidence : un dernier road trip de quelques jours avant de partir, un premier reportage sur le Vietnam à proposer à un magazine. Probablement, ce périple pourrait symboliser la fin de quelque chose et le renouveau.

Alors, une fois ma mission de gardienne terminée, je rentre à Da Nang. Je donne certains objets du quotidien. Je prépare mon sac à dos comme si je devais quitter le pays définitivement sous 24 h. Quand tout est plié, géré et ma moto contrôlée, je prends quelques affaires et je démarre pour une dernière première aventure avec mon noir destrier.

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