Vietnam

1 an au Viêtnam

1er mars 2020 – 1er mars 2021.

1 an.

365 jours.

Dire que je suis entrée dans le pays avec un visa de trois mois en me disant que j’avais de la marge. 9 mois plus tard, j’y suis toujours. Et je pense y rester encore quelques mois.

Jamais je n’ai passé autant de temps dans un pays voire dans une même ville sans avoir un motif d’études ou professionnel. Quand j’y pense, c’est étonnant. Cela dit, cette année ne sort-elle pas de l’ordinaire ?

Au cours de cette année, j’ai vécu deux confinements, de nombreux typhons. Je me suis baladée du Sud au Nord à moto découvrant des régions et des paysages fabuleux. J’ai assisté à de nombreuses traditions. J’ai testé de nouvelles saveurs. J’ai eu de petits et de grands bonheurs. J’ai eu des doutes, des peurs. Je me suis questionnée, souvent. Je suis tombée parfois, mais des anges m’ont aidé à me relever.

Un texte extrait de « Si j’étais Dieu » de René Barjavel m’a marqué :

« Et chaque individu croit qu’il sera heureux demain, s’il est plus riche, plus considéré, plus aimé, s’il change de partenaire sexuel, de voiture, de cravate ou de soutien-gorge.

Chacun, chacune attend de l’avenir des conditions meilleures, qui lui permettront, enfin, d’atteindre le bonheur.

Cette conviction, cette attente, ou le combat que l’homme mène pour un bonheur futur, l’empêchent d’être heureux aujourd’hui.

Le bonheur de demain n’existe pas.

Le bonheur, c’est tout de suite ou jamais.

Ce n’est pas organiser, enrichir, dorer, capitonner la vie, mais savoir la goûter à tout instant.

C’est la joie de vivre, quelles que soient l’organisation et les circonstances.

C’est la joie de boire l’univers par tous ses sens, de goûter, sentir, entendre, le soleil et la pluie, le vent et le sang, l’air dans les poumons, le sein dans la main, l’outil dans le poing, dans l’œil le ciel et la marguerite.

Si tu ne sais pas que tu es vivant, tout cela tourne autour de toi sans que tu y goûtes, la vie te traverse sans que tu ne retiennes rien des joies ininterrompues qu’elle t’offre. »

Effectivement, toute mon organisation a volé en éclats. Les conditions ont parfois été difficiles… Mais tout cela passe. Il ne reste que la vie, les couleurs, les sourires. Et quelle chance d’être bien vivante au Viêtnam ! Alors, peu importante ce que j’ai découvert, traversé parfois enduré. Sur ma route, j’ai eu la chance de rencontrer des hommes, des femmes, des bambins qui ont changé ma vie et mon rapport à elle.

Certains me disent que la chance n’existe pas, que l’on provoque ce qui nous arrive. Peut-être. Peut-être pas. D’autres pensent que tout est déjà écrit. Nous suivons simplement le mouvement de la vie.

Mais peu importe le mot utilisé : chance, opportunité, univers… Je suis profondément heureuse d’avoir passé un an au Viêtnam et d’y rester. Et un seul mot peut finalement traduire ce que je ressens.

MERCI.

Alors douze remerciements, un pour chaque mois :

1 – Merci pour l’accueil. Quel que soit le lieu où je me suis arrêtée, j’ai toujours été reçue à bras grands ouverts, avec chaleur et sourire. Pas seulement pour l’argent qu’une touriste peut leur apporter. Simplement, les Vietnamiens vous intègrent souvent comme un membre de leur communauté, de leur famille et ce d’autant plus quand vous restez un certain temps.

2 – Merci pour votre protection. Je me souviens lors du premier confinement en avril 2020, nombre d’étrangers étaient regardés parfois avec peur. Certains étaient même chassés de leur auberge de jeunesse ou hôtel. Trinh, à Kon Tum, m’a protégée de tout cela ! Négociant avec la police pour que je puisse rester dans son hôtel avec un couple d’Australiens. Le lieu était fermé pour les autres. Ouvert pour nous. Elle disait tout simplement, ils n’ont nulle part où aller, alors je veille sur eux ! Tous les jours, elle s’assurait que nous allions bien, que nous ne manquions de rien. Elle a joué un rôle incroyable pour que nous puissions rester en sécurité et en toute sérénité.

3 – Merci pour votre bienveillance : Trinh, Nguyen, Loan et tant d’autres ont toujours été présents et attentifs. Toujours un regard, un sourire, une écoute mutuelle afin de partager frivolité ou essentiel en respectant nos différences culturelles. Et puis, une chose me marque. Bien que je sois plus âgée, à chaque fois que je prends ma moto pour un trajet plus ou moins long, une demande simple : « Tu m’envoies un texto pour me dire que tu es bien arrivée ? Sinon je vais me faire du souci… »

4 – Merci pour vos sourires : Que les Vietnamiens sont souriants ! Quelle que soit la contrée ou la ville, en marchant ou à moto, les gens sourient. Même si nous ne pouvons discuter, les regards pétillants et leurs sourires parlent pour eux. Ce n’est pas un simple rictus obligatoire. Il est ouvert, généreux et spontané. Quel pouvoir que celui du sourire ! Un sourire entraîne un sourire et un sentiment de bien-être. Alors pourquoi dans nos sociétés occidentales tirons-nous souvent la gueule ? N’est-ce pas aborder la vie de manière plus heureuse que de faire travailler nos zygomatiques ?

5 – Merci pour votre générosité : un exemple parmi tant d’autres, une fois sur une route de montagne, j’étais partie sans regarder ma jauge d’essence. Évidemment, en plein milieu de nulle part, je me rends compte que l’aiguille frôle dangereusement le zéro. Je guette fébrilement un lieu où je vais pouvoir mettre de l’essence. Je sue à grosses gouttes imaginant que je vais bientôt devoir pousser ma moto sur des dizaines de kilomètres. Par chance, je vois des hommes sur un chantier. Je distingue un jerrican. Ils en ont vraisemblablement besoin pour leurs machines. Mais qui ne tente rien… J’essaie d’expliquer que je n’ai quasiment plus d’essence. Avec un grand sourire, un des hommes va chercher la gazoline et remplit mon réservoir. Je m’apprête à le dédommager. Il refuse. La seule chose qu’il fait c’est qu’il me prend la main. Il me la serre. Puis il serre ses deux mains pour me faire comprendre que nous faisons partie d’un même tout. Incroyable !

6 – Merci pour votre solidarité : Partout pour affronter les situations les plus difficiles, les Vietnamiens sont solidaires, attentifs aux autres. Ils pensent communauté et non individus. Je l’ai maintes fois constaté notamment lors des vagues de covid, des inondations ou des typhons. Ils s’entraident, se soutiennent que ce soit au sein d’une même famille ou d’un groupe. Lors des typhons à Tam Thanh, des voisins sont venus nous aider. Dans une autre mesure, Loan me raconte ce qui est mis en place partout au Viêtnam pour venir en aide aux plus démunis. Elle est fière de me dire que chaque famille donne, aide. C’est le sens de la vie. Je fais partie de ce tout. Je reçois, je donne. C’est tellement intégré que c’est une évidence pour chacun.

7 – Merci pour votre courage : regarder vivre et travailler les Vietnamiens me rend humble. Hommes, femmes ne ménagent jamais leur peine. Ils œuvrent sans économiser leur sueur, et ce par tous les temps. Ils bêchent la terre, construisent, réparent, acceptent tous les métiers sans avoir de jugement sur tel ou tel type d’emploi. Quoi qu’il arrive, ils se lèvent le lendemain et recommencent. Je me souviens de Nguyen et Quy qui, quelques heures à peine après  le passage du violent typhon « Molave », commençaient à nettoyer les ravages. Aucune larme, aucun regret. Continuer ! Ils font face et avancent !

8 – Merci pour votre temps : jamais des personnes qui ne font pas partie de mon cercle d’intimes n’ont pris le temps que certains Vietnamiens me consacrent. Nguyen a passé des heures à m’aider sans rien me demander en retour afin que je puisse acheter ma moto. La mère de Loan, ma propriétaire à Da Nang, m’a accompagnée plusieurs fois chez un ostéopathe. Il ne parlait pas anglais. Elle était médecin. Elle veut s’assurer que mon traitement soit le bon. Alors, à chaque fois, elle me met dans le taxi et y entre avec sa fille. Elle explique au praticien ce dont j’ai besoin. Elles m’ont attendue durant toutes les séances d’ostéopathie. Puis, elles m’ont ramenée chez moi et m’ont préparé à diner. Pour elles, il ne faut rien faire après une séance. Qui donne de son temps aussi généreusement ?

9 – Merci pour nos échanges : chaque moment de partage, chaque discussion, m’a fait découvrir une part de culture, de traditions, de modes de vie, de pensée… Chaque échange qu’il soit verbal ou non avec des Vietnamiens érudits ou paysans, des enfants et des adultes ont été de réelles sources d’inspiration et d’ouverture. Je comprends leur point de vue. Ils s’intéressent au mien. Nous grandissons ensemble avec une curiosité non feinte. Chacun de ces moments me rappelle l’importance de la communication, de la diversité et la richesse de nos différences. Ensemble nous sommes plus forts, évidemment !

10 – Merci pour la sécurité : Le Viêtnam est dans le top 3 des pays les plus « safe » en ces temps de pandémie mondiale. Les mesures sont strictes ici : masques, prise de température, obligation d’avoir une application de géolocalisation activée et de compléter régulièrement des bulletins de santé, confinement total ou partiel dès qu’il y a plus de 5 cas, obligation d’auto-quarantaine, flicage… Mais personne ne remet en question les décisions du parti unique. Nous savons tous que si ces conditions sont imposées et respectées, c’est que cela nous donne ensuite la liberté de sortir, d’aller au restaurant, dans des bars et de voyager à l’intérieur du pays. Alors avec moins 2500 cas recensés depuis janvier 2020, je ne me sens pas en danger… Bien au contraire. Je suis dans une bulle ! Tous, étrangers et vietnamiens, s’accordent sur ce point : nous sommes heureux et chanceux d’être au Viêtnam… Nous mettons tout en œuvre afin que perdure ce havre de paix.

11 – Merci pour le chaos organisé : Que vous marchiez, conduisiez une moto, achetiez un paquet de biscuits dans une épicerie, en tant qu’occidentaux vous aurez le sentiment que c’est un bazar géant. Et pourtant ! Dans ce chaos, tout est clair. Aucun problème si je roule sur la file la plus à droite pour tourner à gauche, les autres me laisseront passer. Pas de problème si je grille le feu, quand il y en a, ici tout le monde le fait. Pas de souci, si je cherche quelque chose, il suffit de demander. Dans la caverne d’Ali Baba que représente un magasin traditionnel, vous trouverez toujours de tout. Alors bien sûr, ce n’est pas structuré, mais cela laisse toute la place à votre créativité, à la vie. Chacun le sachant et fonctionnant ainsi, cela devient une norme.

12 – Merci à une cousine éloignée qui de retour du Viêtnam il y a 20 ans m’en a parlé. Mon attirance pour cette contrée date de ce moment là. Et la réalité a dépassé de loin tout ce dont j’avais pu rêver.

Un dernier MERCI pour mes anges qui se reconnaitront. Où que vous soyez,

MERCI de me donner des ailes.

Enfin, si je devais formuler un vœu. J’espère que vous aussi, un jour, vous aurez la chance de venir découvrir longuement ce pays fabuleux et ses habitants chaleureux, souriants, généreux, solidaires, courageux…

3 commentaires

  • Dugand Huguette

    Merci Sarah pour les messages d’espoir que tu livres dans chacun de tes messages ; espoir d’un monde meilleur (si nous le voulons), espoir sur l’être humain (si nous savons le découvrir), espoir sur la vie tout simplement (si nous savons la regarder différemment).
    Il est certain que ces mois passés dans d’autres pays, d’autres convictions vont changer ta façon de vivre radicalement mais le Bonheur simple et surtout présent est sans aucun doute au rendez-vous !
    Merci à Annick qui m’a communiqué le lien et qui me permet de suivre tes péripéties.
    Dans l’attente des prochaines et de tout cœur avec toi.
    Huguette (GCT Lyon avec elle aussi ses doutes… 😉).

    • baloo

      Merci infiniment Huguette pour ton message. J’essaie effectivement de transmettre et de partager la richesse apprise chaque jour lors de ce voyage. Ainsi, « Il en faut peu…» résonne… Le monde est plus beau quand on le regarde avec le sourire et optimisme.
      Toute mon amitié à une GCT pour laquelle je n’ai pas eu de doutes 🙂
      Bises

  • Isvi

    BON ANNIVERSAIRE SARAH
    A quelques décennies d’écart nous avons le même jour d’anniversaire…alors impossible d’oublier.
    Que te souhaiter si ce n’est de poursuivre ton chemin de vie et d’aventures à la fois intérieures et
    extérieures. Quel parcours….dans cette ouverture au monde,à l’ailleurs, à l’autre.Il fallait oser sortir de sa zone de confort…Alors pour accompagner toutes ces découvertes je vais te souhaiter une belle énergie, une santé à toutes épreuves et toujours cet élan pour oser encore et toujours.
    Je t’embrasse fort.
    Nadine

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