Bali

La danse du Barong

J’ai été conviée par Ketut, mon buddy de plongée, à assister à une cérémonie. Au cours de cet événement, chacun des membres de la famille ou ami est invité à danser avec un couteau au rythme des tambours. Voici la description que m’en a fait Ketut. Il me propose de découvrir un pan de sa culture en l’accompagnant.

Une fois mon accord donné, nous prenons rendez vous afin qu’il m’amène sur le lieu. Au cours des vingt minutes que dure le trajet en pleine nuit, les idées suivantes me passent par la tête :

  • « Je ne crains rien car c’est un père de famille respecté de 3 enfants.
  • Je ne crains rien car c’est le leader de sa communauté.
  • Je ne crains rien car il est connu dans la région.
  • Je ne crains rien car les balinais sont accueillants et même si je dois être prudente, il n’y a pas des sérial killers a chaque coin de rue.
  • Je ne crains rien car je plonge avec lui demain.
  • Je ne crains rien… ».

Une fois ma liste de « je ne crains rien » épuisée, je me raisonne. Je respire. Je me dis que je peux faire confiance à mon intuition (qui ne se trompe que rarement) et que le pire n’est pas obligatoire. Je rationnalise et me rappelle que l’ouverture et la générosité font partie intégrante de leur culture.
Après un trajet plein de listes mentales mais sans encombre, nous y sommes.

Vous est-il déjà arrivé d’être le centre de toutes les attentions ? Que tout s’arrête et que l’on vous regarde ? D’être au sens propre « la bête curieuse » ?

Ce fut mon cas. Seule touriste, femme blanche dans cette communauté hindoue. Autant dire que je ne passais pas inaperçue même si j’avais fait attention pour avoir une tenue respectueuse de leurs coutumes. Rien que d’être blanche, les cheveux longs bouclés et détachés étaient source de curiosité. On me fait assoir. On m’offre du thé et des biscuits. Je sens bien que je suis le centre de toutes les discussions. Alors, pour dissimuler ma gêne, je questionne Ketut sur cette cérémonie, sa culture, les personnes qui sont là…

Finalement, les regards que j’avais pris pour de la défiance, me sourient… Je me demande alors : « Comment les ai-je regardés ? ». Je les ai probablement « analysés » comme si j’étais dans un spectacle, avec curiosité et interrogations. Et au bout de quelques minutes, les barrières tombent.Je fais partie des personnes présentes ni plus ni moins.

La musique commence. Le son des tambours et des percussions se font entendre…

Je vois des femmes et des enfants danser, comme en transe. Certains se saisissent du couteau qui leur est proposé. Tout d’un coup, au rythme des tambours, je les vois faire le geste de s’enfoncer le couteau dans le cœur. Le rituel est frappant et un peu glaçant. Je vérifie, je regarde avec plus de précision car je pensais que la lame était juste coincée sous l’aisselle. NON, c’est bien en pleine poitrine qu’ils pointent le couteau. Je demande alors à Ketut si c’est un couteau en bois ou à bout rond ou simplement un faux. Il m’affirme que c’est un vrai couteau, un Kriss. Il est magique. Si les âmes sont pures, l’esprit, l’Energie et les dieux Hindous les protègeront. Ainsi, les danseurs ne seront pas blessées.

Je regarde donc cette cérémonie où hommes et femmes, enfants comme adultes sont en transe. Tout au long de sa danse / transe, le danseur a les yeux fermés. Des hommes assurent un périmètre de sécurité entre chaque danseur afin que personne ne se blesse. Et pour chaque danseur, une personne qui est pour moi un ange gardien s’assure que tout va bien, la protège puis l’emmène au temple pour qu’elle se réveille grâce à «de l’eau bénite ».

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Une fois rentrée à l’auberge et trouvant ces rites tout de même un peu barbare, je fais appel à mon meilleur ami Google.

Et voici ce que j’apprends :

La danse du Barong ou dance du kriss raconte le combat entre le bien et le mal.

Le Barong représente avant tout les forces positives. Il est considéré comme le seigneur de la forêt et comme le roi des esprits. Il est le protecteur magique des villages balinais. Il est l’adversaire de la sorcière et veuve, Rangda, qui contrôle les mauvais esprits.
Le kriss est une dague traditionnelle, parfois de forme ondulée, souvent droite ayant un pouvoir mystérieux issu de l’acier et des secrets de sa fabrication.

L’histoire veut que Rangda était furieuse qu’aucun homme de qualité ne veuille épouser sa fille Ratna. Elle fit alors des ravages dans le royaume de Daha. Le roi Erlangga essaya de la contrecarrer et de la vaincre en envoyant ses soldats.
Elle les tua tous et décida de détruire complètement le royaume en demandant à tous ses disciples de présenter des offrandes à Durga, la déesse de la mort.
Cependant Durga, qui avait accepté de l’aider, mit en garde Rangda de ne pas entrer dans le royaume de Daha. Celle-ci ne l’écouta pas.
Alors, la peste envahie le royaume. Les villages devinrent rapidement des cimetières, les villageois moururent avant même d`avoir pu enterrer leurs morts.

Le prêtre Mpu Bharadah envoya son disciple voler les secrets de Rangda en prétendant vouloir épouser sa fille. Il parvint à s’emparer de son arme magique qu’il donna alors à son maitre. Grâce à cela le prêtre réussit à la tuer mais elle se réincarna.

En dernier recours, on fit appel au Barong qui rejoignit les soldats du Roi Erlangga car Rangda souhaitait plus que jamais l’affronter. Elle jeta alors un sort aux soldats du roi afin qu’ils se tuent en pointant leur kriss sur leur torse. Cependant, le Barong avait lui-même jeté un sort sur les soldats les rendant résistant à la lame du kriss qui ainsi ne pouvait pas les blesser. A la fin le Barong gagne et la Rangda s’en va.

Ainsi, le Barong symbolise le bien et Rangda le mal. Pour les membres de la communauté qui m’ont invitée à assister à cette cérémonie, la danse du Barong est le reflet des actions humaines dans la vie de tous les jours. En Balinais c’est ce qu’on appelle le Dharma et Adharma.

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Quelques jours plus tard, je découvre une parade du Barong ..

Beaucoup moins impressionnant, non ?

5 commentaires

  • Stephane

    Petit chat

    … tout d’abord : Félicitation et merci pour tes récits et ton œil bienveillant. Cela me rappelle un peu un autre jeune homme explorant des contrées ho combien dangereuses et hostiles… bon ok c’était la Tunisie !

    J’ai quand même une question. Si ta présence auprès des autochtones peut être source de curiosité, qu’en est il de la présence de ton ami en bandoulière ? En effet, certaines croyances, voir peurs, pourraient en rebuter plus d’un. Comment est accepté ce troisième œil ? Souviens toi que dans une certaine île, les femmes refusaient de se faire photographier car elles pensaient que l’on volait leur image…voir l’âme elle même…

    A très bientôt pour de nouvelles aventures…. en tout cas moi j’ai hâte !

    • baloo

      Hello Petit Chat,
      Merci beaucoup !! Effectivement cela rappelle quelques souvenirs :-).
      En Asie, en tout cas pour l’instant, pas de souci. D’autant plus que je n’ai pas pris mon reflex. J’oscille entre mon Leica et mon iPhone. C’est donc moins imposant ou impressionnant. Quoi qu’il en soit, pour la plupart des personnes que je rencontre, elles aiment être prises en photo, se prennent en photo et aiment me prendre en photo avec elles. En cas de doute, je pose la question. Je n’ai eu aucun refus. Bref, ce n’est pas pour rien que IG et FB sont des incontournables ici.
      Take care, Petit Chat

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